top of page
Rechercher

Les ténors du barreau

  • Photo du rédacteur: Eric Cobast
    Eric Cobast
  • 20 mars 2019
  • 2 min de lecture

Publié le 12 mars 2019


Un extrait de mon prochain livre aux PUF sur l'Eloquence :


"On les appelle les « ténors du barreau », ce sont les avocats pénalistes que l’actualité judiciaire et les grands faits divers ont rendu célèbres. Chaque époque a ses visages. Mais ce qu’il convient de noter en préalable, c’est ce que suggère la métaphore qui les désigne familièrement : des ténors…Le mot renvoie évidemment à l’Opéra, au spectacle, à la mise-en scène, à une voix qui porte et qu’on entend de loin mais aussi aux clichés associés aux divas, caprices, sautes d’humeur, égocentrisme etc.


Ces grands avocats sont souvent considérés comme des « stars » de l’Eloquence pour les causes qu’ils doivent plaider :il s’agit parfois de défendre l’indéfendable (Barbie, Haulme etc.), de choisir d’explorer la dimension la plus obscure et la moins avouable de la psychologie, de protéger le criminel contre ses victimes etc. Les grandes plaidoiries qui viennent conclure les procès médiatiques sont généralement des « morceaux de bravoure » et on comprend aisément pourquoi « l’éloge paradoxal » est la « pierre de touche » de l’Eloquence.


Après Jacques Vergès, qui s’autoproclama « l’avocat du Diable », Gilbert Collard, Olivier Metzner ou Jean-Marc Varaut qui en leur temps ont eu à défendre des causes célèbres, on a vu peu à peu s’affirmer la personnalité d’Eric Dupond-Moretti qui à plusieurs titres mérite sa place parmi les figures de l’Eloquence. En effet, le personnage est tout d’abord auréolé d’une réputation d’invincibilité : 120 acquittements revendiqués, au même titre que des combats de boxe ! Avec, allusion tauromachique oblige, un surnom gagné dans le prétoire : acquitador. Mais Eric Dupont Moretti, c’est aussi et surtout une voix, un visage, un corps. A l’entendre on comprend d’emblée que l’Eloquence passe par l’incarnation. Enfin le tropisme qui semble le pousser vers la comédie, au sens large, et le conduit sur les plateaux de tournage (d’un Claude Lelouch, par exemple) ou sur la scène du théâtre de la Madeleine est révélateur de l’écueil sur lequel pourrait échouer un grand avocat : quand on met tout son talent à représenter un client, il n’est pas assuré qu’on trouve celui de ne représenter que soi-même."


Eric Cobast, fondateur et directeur de l'Académie de l'Eloquence.


 
 
 

Posts récents

Voir tout
L’Eloge paradoxal

Comment convaincre du pouvoir des mots, de la toute-puissance de la parole, de l’efficacité du « bien parler », sans en donner l’exemple, sans en fournir la démonstration ?

 
 
 

1 Comment


emma
May 12

L'éloquence judiciaire : un art ancestral qui perdure


Votre article sur les ténors du barreau m'a particulièrement touché, car il met en lumière une facette essentielle du monde juridique souvent méconnue du grand public. En effet, l'éloquence judiciaire constitue bien plus qu'une simple compétence professionnelle : c'est un véritable art qui s'inscrit dans une longue tradition historique.


Saviez-vous que certains grands avocats français du XIXe siècle comme Berryer ou Lachaud attiraient les foules lors de leurs plaidoiries, comme le feraient aujourd'hui des acteurs de théâtre ? Ces performances oratoires étaient même relatées dans la presse de l'époque. Cette tradition du "beau langage" se perpétue encore aujourd'hui, bien que sous des formes différentes.


L'importance du paraître dans la plaidoirie


Un aspect…


Like
bottom of page