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  • Photo du rédacteurEric Cobast

Mots de Campagne : 3. Inclusif



La Culture Générale et la Rhétorique pour décrypter les éléments de langage et les thèmes de campagne électorale (Printemps 2021)


Les prochains mois seront riches de discours, de slogans, de « punch-lines » et de « petites phrases » destinés à alimenter le débat politique qui doit précéder le choix du Président de la République et celui des représentants de la Nation. Des mots, des formules vont faire la boucle sans nécessairement qu’on en rappelle la signification pourtant indispensable à la compréhension des intentions et des arrière- pensées des candidates et des candidats.


En essayant de suivre le rythme de cette actualité qui se révèle déjà trépidante, je vous propose simplement de nommer l’explicite et l’implicite de ces mots qui vont paver assurément notre quotidien.


3. Inclusif (Janvier 2022)


L’adjectif s’invite régulièrement dans les éléments de langage et les discours de précampagne, lorsqu’il qualifie l’Ecole qu’on voudrait (ou non …) plus accueillante pour les enfants en situation de handicap, la ville ou encore la société dans son ensemble que l’on souhaiterait plus soucieuses des plus précaires… « Inclusif » / « Inclusive », c’est en effet un mot du moment, depuis surtout la polémique suscitée par la création d’une écriture dite « inclusive ». Comme souvent lorsqu’un terme est répété à l’envie, tel un mantra, la signification même du mot semble s’effacer à l’usage qui en produit l’usure.


On doit ainsi tout d’abord rappeler que l’emploi qui est proposé de cet adjectif en fait un anglicisme qui souvent s’ignore.


De fait pour la langue française « inclusif » est utilisé principalement par les grammairiens qui l’opposent à « exclusif » et « disjonctif. » On évoque alors dans une phrase l’usage inclusif ou exclusif de la conjonction de coordination « ou », du pronom personnel « nous » par exemple. Que devons-nous faire pour nous protéger du froid ? « Nous » associe au locuteur non seulement ceux à qui il s’adresse mais aussi tous les autres. « Nous » est dit « inclusif ». En revanche si j’écris : Nous ne sommes pas d’accord avec vous, le pronom désigne alors seulement le locuteur et ses partenaires, ceux qui lui sont associés : « nous » est « exclusif ». Or à l’évidence, opposer à une écriture « inclusive » une écriture « exclusive » n’aurait guère de sens.


C’est pourquoi quand il se glisse hors du champ spécialisé de la grammaire notre adjectif « inclusif » prend des couleurs d’anglicisme, celui qui emprunte par exemple à l’expression bien connue, all inclusive, tout compris.


« Inclusif » signifie en effet, lorsqu’il traduit « inclusive », qui n’exclut personne, qui contient quelque chose d’autre. Ce n’est donc pas exactement le contraire d’« exclusif », synonyme de « entier », « absolu », « privilégié » : nous avons une relation exclusive , je vous livre une information exclusive (une exclusivité, c’est un privilège réservé à quelques-uns.) Quant à l’écriture inclusive, elle est définie par le Manuel d’écriture inclusive comme l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques qui permettent d’assurer une égalité de représentations des deux sexes. Elle ne se réduit donc pas à la pratique du « point médian » qui vient à la fin de certains mots disloquer l’orthographe (les lecteur.rice.s m’ont -iels compris ?). Elle impose aussi d’accorder en genre les métiers et les fonctions, de pratiquer également l’accord dit « de proximité » issu du latin (l’adjectif qualificatif s’accorde avec le nom dont il est le plus proche : le pantalon et veste sont blanches), selon une règle simple qui a été abrogée par l’Académie française au XVIIème siècle mais que refuse par exemple d’appliquer Beaumarchais - dramaturgie inclusif ? – quand il fait dire à Marceline (Le Mariage de Figaro, Acte III scène 16) :

J’étais née moi, pour être sage et je la suis devenue !


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