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Photo du rédacteurEric Cobast

Aimer les Festivals et …Flag Day de Sean Penn


Avec le palmarès du Festival américain de Deauville, au mois de septembre, chaque année, c’est la saison des festivals qui s’achève en France ; une saison qui court du début du printemps à la fin de l’été et au cours de laquelle ceux qui se ressemblent s’assemblent autour d’une passion, une curiosité pour le théâtre, la musique, le cinéma, la bande dessinée …ou plus spécifiquement encore l’art lyrique, la littérature épistolaire, le roman policier… Les « professionnels » s’y retrouvent certes mais les amateurs également s’y rencontrent. On se rend à un festival pour « aimer » ensemble, exprimer un goût commun, partager. Le plaisir que l’on prend au festival tient autant à la découverte – heureuse ou malheureuse parfois – des œuvres proposées qu’aux déambulations oisives dans la ville parmi les autres festivaliers, aux pauses qu’on se ménage aux terrasses des cafés et des restaurants, aux propos inattendus échangés dans une file d’attente avec des inconnus, à cette atmosphère de désordre et de disponibilité tranquilles qui sont les signes d’une vraie liberté. Le Festival cultive un art de vivre qui est un art d’aimer. Rendez-vous pourra être pris chaque année : un lieu, un moment, une durée, fixés une fois pour toutes, repères spatio-temporels intangibles nécessaires aux dilettantes pour qu’ils se réunissent.


Le festival naît avec le « mouvement orphéonique » à l’initiative de Louis Bocquillon, dit Wilhem, dans la première moitié du XIXème siècle. C’est une fête organisée pour rassembler autour de l’amour du chant choral de nombreux « orphéons ». Ces « orphéons » - comme on les appelle alors du nom du berger Orphée, célébré dans la mythologie grecque pour les pouvoirs de son chant - sont des chœurs constitués d’enfants des écoles primaires. A l’origine du « festival », il y a donc cette idée de rassembler ceux qui se rassemblent par goût pour la musique et chantent ensemble, recherchant dans l’unisson l’harmonie de leurs voix singulières. Une manifestation populaire, un projet qui s’inscrit dans un cadre religieux et politique, au début. Le premier de nos festivals est alors créé dans la ville d’Orange, voué à devenir en 1902 les « Chorégies » d’Orange, consacrées à la musique, à l’art lyrique et aussi au théâtre. Depuis les festivals se sont multipliés. Certains se révèlent éphémères, d’autres s’installent dans le calendrier, comme celui de Deauville, à la fois récent et mature puisqu’il est créé en 1975 par Lionel Chouchan et André Halimi, et qui rassemble les amoureux du cinéma américain.


La 47ème édition du Festival de Deauville a décerné, cette année, son Grand Prix au film de Diego Ongaro, Down with the King, qui suit les errances d’un rappeur désabusé qui découvre la vie à la ferme ; Claude Lelouch y a présenté son dernier opus (le Festival s’ouvre aussi aux cinéastes français amoureux de Deauville) L’Amour, c’est mieux que la vie et Yvan Attal l’adaptation du roman de Karine Tuil, Les choses humaines.


Mais pour nous cette année, c’est surtout le dernier Sean Penn qu’il ne fallait pas manquer : Flag Day, avec une sortie prévue en France ce mercredi 29 septembre. Il s’agit aussi d’une libre adaptation cinématographique du récit autobiographique que signe la journaliste Jennifer Vogel, Flim-Flam Man : The True Story Of My Father’s Counterfeit Life. Le père en question, c’est John Vogel connu comme l’un des plus célèbres faussaires et braqueurs de banque des années 90 (20 millions de dollars en fausse monnaie furent saisis lors de son arrestation) et dont la fille rapporte la vie aventureuse. Personnage charismatique, Vogel a fait vivre à sa très jeune fille une enfance magique, merveilleuse, digne du « rêve américain », s’efforçant d’enchanter les moments partagés pendant les vacances à l’occasion desquelles le père divorcé retrouvait ses enfants dont il n’avait pas ordinairement la garde. Faite de présences intenses et d’absences un peu mystérieuses, cette existence clignote dans le souvenir d’une jeune femme qui découvre finalement derrière les apparences la réalité d’un père criminel que recherche la police.


Sean Penn choisit d’interpréter un John Vogel qui n’a plus rien d’un « hors la loi » flamboyant et d’un bandit de grande envergure. Il en fait un escroc un peu minable, un petit arnaqueur traqué par ses associés dont il est perpétuellement débiteur, pour privilégier les sentiments du père pour sa fille et d’une fille pour ce père touchant, souvent émouvant. Sean Penn, le cinéaste, donne à sa fille Dylan le rôle de Jennifer en se réservant celui de John Vogel, mettant ainsi en abyme avec beaucoup de justesse l’attachement d’un père pour sa fille, une belle histoire d’amour filial. Les images chaleureuses que restitue la pellicule sur des accents de country music sont superbes. C’est une ballade que dédie Sean à Dylan en rappelant les rêves que John voulait faire vivre à Jennifer.


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